jeudi 21 novembre 2013

SURLIQUIDITE BANCAIRE: PME africaines et banques, toutes au banc des accusés


Si les petites et moyennes entreprises (PME) accusent les banques de ne prêter qu’aux riches, elles ne sont pas, à leur tour, exempts de critiques.

Les professionnels du secteur banque et finance, réunis à Douala depuis hier, dans le cadre du 1er forum international de la finance en Afrique subsaharienne sont unanimes sur un fait : les chiffres sur la surliquidité bancaire en zone CEMAC donnent du tournis. L’on parle de plus 7000 milliards de francs CFA que gardent jalousement les banques commerciales d’Afrique centrale. Ce, pendant que les PME trinquent, éprouvant d’énormes difficultés à trouver des financements pour leurs projets d’investissement. 

En zone UEMOA, la situation n’est guère reluisante. Le taux de financement des PME y tourne autour de 5%. Là-bas, comme en zone CEMAC, les banques surestiment le risque associé au financement d’une grande partie des entreprises. Ce qui se traduit par l’insuffisance des prêts vis-à-vis des dépôts. Et donc, par l’augmentation de leur liquidité au-delà du seuil requis. Toute chose que ne sanctionnent pas les banques centrales, plutôt occupées à contrôler les réserves bancaires qui doivent être considérables en permanence.

Des panélistes de FIFAS 2013

Au Mali par exemple, sur 100 demandes de crédits par les PME, moins de 3 sont acquises. Mme Berthe Minian Bengaly, ancien banquier et aujourd’hui Directrice générale du Centre International pour le Conseil et la Formation au Mali, l’a souligné hier, 20 novembre 2013. C’était dans un panel sur le sous-emploi des liquidités bancaires dans le secteur privé africain, modéré par Thierry EKOUTY, Directeur de publication du journal « Le Quotidien de l’économie ».

Dans ce même panel, Nadine Tinen, membre du conseil exécutif du Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) et directrice générale de PriceWaterhouse Cameroun, Tchad et Guinée Equatoriale a relevé, pour tenter de comprendre cette frilosité des banques, le risque élevé d’insolvabilité des PME, ainsi que l’insuffisance du cadre juridique et judiciaire en matière de recouvrement des créances et de règlement des différends.

Un autre panéliste, Georges Patinvoh, maître de conférences au Centre de formation professionnelle bancaire et Directeur du contrôle et de la conformité à la Banque Atlantique du Bénin a évoqué la mauvaise qualité de l’information financière produite par les PME, très souvent méconnues des banques, du fait que la plupart de ces entreprises évoluent dans le secteur informel. Et peuvent, à tout moment, fondre comme neige dans la nature, au grand dam des banquiers désormais plus prudents qu’il n’en faut.

Marie-Noëlle Guichi