MNG CHEZ LES CONFRERES




La plume contre le sida !



Yaoundé, le 16 mars 2001
©
Cameroon-Info.Net


Des journalistes récompensés pour leurs articles contre la maladie, en marge d’une rencontre internationale sur les stratégies de lutte...


                                                                          Marie-Noelle Guichi

A voir sa joie, on croirait qu’elle vient de décrocher le Pulitzer. Peut-être que pour elle c’est tout comme. Marie Noëlle Guichi est journaliste au Messager. Ce jeudi à l’hôtel Hilton de Yaoundé, elle vient de recevoir le «premier prix d’excellence» de la presse écrite pour le meilleur article sur le sida. En fait d’article, Marie Noëlle a fait paraître un reportage intitulé «Un hôpital du sida à Yaoundé : l’enfer des personnes à risque», dans l’édition du 29 décembre 2000. Neuf autres confrères ont également été primés pour les mêmes raisons. La première édition des «Prix d’excellence d’œuvres journalistiques sur le Vih/sida» a été organisé dans le cadre de la mise en œuvre du «plan stratégique national de lutte contre le sida». Patronné par les ministères de la Communication et de la Santé publique, le concours a en outre vu la participation du programme des Nations unies sur le sida (ONUSIDA) et du Réseau des journalistes contre le sida.

La manifestation s’est en réalité tenue en marge de la réunion régionale d’échange d’expériences et de concertation sur le sida, ouverte en début de semaine dans la capitale camerounaise. Plusieurs jours durant, les présidents des groupes thématiques Onusida se sont retrouvés pour confronter les expériences de lutte menées dans les différents pays et pour les améliorer. Les groupes thématiques regroupent plusieurs agences du système des Nations unies (Pnud, Unicef, Fnuap, Banque mondiale, Oms, Unesco…), pour «soutenir une action multisectorielle élargie face à l’épidémie vih/sida». Dans chaque pays, dira encore Suzanne Konaté-Maïga, présidente du groupe du Cameroun et représentante du Fnuap au Cameroun, «notre ambition majeure est de renforcer au niveau du pays la capacité nationale de planification, de coordination, d’exécution et d’évaluation des réponses au Vih, en assurant un appui effectif et coordonné du système des Nations unies au Programme national de lutte contre le sida».

Un Camerounais sexuellement actif sur 9 a potentiellement rencontré le virus...

Le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, les deux Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, Djibouti, Madagascar, le Mali, le Togo, le Rwanda, le Sénégal et bien sûr le Cameroun ont envoyé des délégués à la réunion. Dès le début des assises, il a été question de former les membres des points focaux et des conseillers pays. A travers des séances techniques internes, ils ont pu s’imprégner des dernières mutations au sein de l’Onusida à Genève. Ce n’est que par la suite que l’on en est arrivé à la phase la plus attendue de la rencontre de Yaoundé. Celle pendant laquelle chacun des directeurs des programmes nationaux et des présidents des groupes thématiques est venu exposer les méthodes de lutte dans son pays ou son rayon d’action. L’exercice a consisté à ressortir les particularités qui surgissent ça ou là et à présenter les difficultés qui naissent. Il revient alors à l’aéropage de trouver ensemble des solutions. Cependant, a fait remarquer le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la zone Cemac (Afrique centrale), Robert Calderisi, les efforts de lutte contre la pandémie demeurent insuffisants sur le continent. Ils sont isolés et pour tout dire dispersés. Pire, chez nous, l’on ne fait que copier les stratégies imaginées et expérimentées sous d’autres cieux. Il n’empêche, le Burkina et le Bénin semblent être des modèles pour ce qui concerne la prévention. La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont pour leur part, trouvé les moyens de réduire sensiblement le coût de la prise en charge des malades.

«Un Camerounais sexuellement actif sur 9 a potentiellement rencontré le virus. Car la proportion des personnes touchées par le virus du sida au Cameroun est passée de 0,5 % en 1986 à 11 % en l’an 2000. Elle se trouve ainsi malheureusement multipliée par 22». Ce constat macabre est du ministre de la Santé publique Laurent Esso lui-même. En attendant les conclusions de la réunion qui devait s’achever ce vendredi soir, le ministre s’est félicité du concours de l’Onusida dans la lutte et notamment pour la réduction récente du coût des médicaments. A ce propos, l’on murmure dans les couloirs que le ministre pourrait, très bientôt, peut-être à la clôture de la réunion, annoncer une réduction substancielle du prix des antirétroviraux au Cameroun. On va peut-être enfin souffler ici.



Palmarès «Prix média sida 2000»


Prix d’excellence de la presse écrite

1- Marie-Noëlle Guichi, «Un hôpital du sida à Yaoundé: l’enfer des personnes à risque», Le Messager du 29 décembre 2000.

2- Isidore Mendeng et Waffo Mongo, Dossier «Spécial lutte contre le sida», Cameroon-Tribune du 18 août 2000.

3- René Dassié, «Lutte contre le sida : 10 questions pour comprendre », Le Messager du 26 avril 2000.

4- Hugues Bertin Seumo, «Sida, La jeunesse camerounaise en danger», La Nouvelle expression du 25 août 2000.

5- Irene Morikang, «Aids: the days of doubts are over», Cameroon-Tribune du 5 août 2000.

Prix spéciaux du jury destinés aux femmes journalistes qui se sont particulièrement impliquées dans la lutte contre le sida au Cameroun:
1-Dora Shey, Crtv
2-Fleurine Nseumi Lea, La Nouvelle expression

Prix Jeunes reporters sur le sida
1-Jeunes Magazine
2-Rebondir Magazine
3-Entre Nous Jeunes




Stéphane TCHAKAM

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