Recueillis par
Le
directeur de la planification stratégique à la Commission de l’Union Africaine,
apporte davantage d’informations sur le contexte, les contours et les
stratégies de l’Agenda 2063.
Marie-Noëlle Guichi
« Raviver l’esprit du travail collectif…»
Mandla Madonsela |
L’Agenda
2063, est-ce simplement une vision ou un plan d’action pour l’Afrique ?
L’Agenda
2063 englobe à la fois une vision et un plan d’action. Il s’agit d’un appel à
l’action à tous les segments de la société africaine, à travailler ensemble en
vue de construire un avenir et un destin communs, basés sur la vision de
l’Union Africaine.
Pourquoi
adopter un programme sur 50 ans, une
période de planification extrêmement longue ? Est-ce un choix
réaliste ?
Le
choix de 50 ans doit être pris de façon symbolique, dans le cadre du
cinquantième anniversaire de la création de l’OUA en 1963 et compte tenu de la
nécessité, pour le continent, de faire le bilan de ses réalisations et de
définir sa vision et ses objectifs à long terme. En termes opérationnels,
l’Agenda 2063 pourrait par exemple être décliné en plans à court terme (10
ans), à moyen terme (10-25 ans) et à long terme (25-50 ans).
Quelle
est la valeur ajoutée de l’Agenda 2063 et comment prend-il en compte les
politiques et programmes passés et en cours aux niveaux national, régional et
continental ?
L’Agenda
2063 doit être considéré comme une nouvelle étape dans les efforts déployés par
les africains pour canaliser le développement du continent et renforcer
l’intégration et l’unité africaines. Il vise à s’appuyer sur les réalisations
et à tirer les leçons des efforts antérieurs, tels que le Plan d’action de
Lagos, le Traité d’Abuja et le NEPAD, pour relever les nouveaux défis sur le
continent, à court, moyen et long termes. Le principe est donc de poursuivre
les actions tout en tirant les leçons qui s’imposent et en s’appuyant sur les
réussites du passé. La question majeure qui se pose est de savoir comment
améliorer et renforcer l’action.
Justement,
comment rendre durable le fort engagement politique pris le 26 Mai 2013 par les
Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union Africaine ?
Grâce
à la Déclaration solennelle adoptée lors de la 21ème session
ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union
Africaine tenue ce jour-là à Addis-Abeba, les dirigeants africains, au plus
haut niveau, se sont engagés à soutenir l’élaboration et la mise en œuvre d’un
plan stratégique national et continental à long terme. C’est un point de départ
encourageant qui doit être exploité. Car il présente un point d’entrée pour
traduire les déclarations et les engagements politiques en mécanismes concrets,
et fournir les voies et moyens de suivre et de vérifier les progrès et
faciliter la prise de décision en temps opportun sur les mesures correctives.
Mandla Madonsela |
N’a-t-on
pas besoin de mesures additionnels pour atteindre l’objectif visé ?
Elles
sont nécessaires et pourraient être, entre autres, la désignation de points
focaux nationaux de l’Agenda 2063, l’intégration des étapes et cibles de
l’Agenda 2063, dans les cadres nationaux de planification, ainsi que
l’information régulière de l’exécutif et des parlementaires sur l’état actuel
de l’Agenda 2063.
Que
retenir des consultations initiées depuis 4 moins avec les parties
prenantes ?
Déjà,
il faut retenir que l’Agenda 2063 doit être pleinement participatif et tous les
acteurs du continent doivent se l’approprier. Le continent tout entier doit
participer à raviver l’esprit du travail collectif pour forger son destin. A
cet effet, l’engagement des femmes et des jeunes est essentiel. Des
consultations que nous avons eu jusqu’ici avec une grande franche de la société
africaine, y compris la diaspora, on retient globalement qu’elle veut un
continent prospère, fondé sur l’unité politique, la bonne gouvernance, l’État
de droit, l’inclusion de tous, la paix et la sécurité, l’intégration régionale.
Voilà, dans l’ensemble, ce qui émerge des échanges.