samedi 22 mars 2014

Meilleur reportage sur l’agriculture: un journaliste Camerounais à l’honneur à Durban

Par Marie-Noëlle Guichi
A Durban
Afrique du Sud


Ngala Kilian Chimtum c’est son nom. Les fidèles auditeurs de la CRTV radio en sont habitués, notamment au cours des tranches d’antennes dédiées à l’information. Il y intervient régulièrement, en anglais, avec de très croustillants reportages. Ce travail, fait avec amour et professionnalisme, vient d’être reconnu à l’international devant un parterre de personnalités mondiales de renom.

Très acclamé jeudi 21 mars 2014, lors d’un grandiose gala organisé en son honneur au Centre International des conférences situé en plein cœur de Durban, le journaliste Camerounais n’a malheureusement pu se présenter sur ce joli podium pour recevoir personnellement son prix. Les organisateurs justifient cette absence par des contraintes administratives et techniques enregistrées à leur niveau. Contraintes n’ayant pas permis à l’heureux gagnant de recevoir son billet d’avion à temps pour pouvoir voyager.

Son trophée lui sera remis au pays par l’auteur de ces lignes. Et l’argent collé au prix, d’un montant symbolique de 400 dollars américains, sera transféré directement sur son compte bancaire par l'Union Africaine. Contrairement aux autres vainqueurs de cette première édition du concours média sur l’agriculture, qui ont eu la chance d'être portés en triomphe, bondissant de joie, et très émus devant les caméra, Ngala Kilian n’a pas eu droit au I pad, parce qu’il remporte le second prix.

Le confrère Camerounais se place derrière les journalistes Ibrahima Diallo du Sénégal, Idrissa Konditamdé du Burkina Faso, Sitembile Siwawa de la Zambie et Richard Katami Bwayo de l'Ouganda. Ces derniers ont raflé les premiers prix dans les diverses catégories en compétition. En plus du I pad et du trophée (en forme de globe), ils ont reçu chacun un chèque de 500 dollars de l’Union Africaine, initiatrice de cette compétition. Comme Ngala Kilian, Doreen Nawa de la Zambie (à l'extrême gauche de l'image ci-dessous) et Adelaide Arthur du Ghana (à l'extrême droite...) ont eu les seconds prix.


D'heureux gagnants qui ont pu être présents
"Grâce à ces voix fortes, nous pouvons atteindre les petits exploitants agricoles, les jeunes et les femmes qui sont essentiels à l'avancement de nos initiatives et le succès de l'Afrique", a reconnu Mme Tumusiime Rhoda Peace, Commissaire à l'économie rurale et l'agriculture de la Commission de l'Union africaine, au cours de cette cérémonie très animée à Durban. Sur les 68 candidatures enregistrées pour cette compétition, 8 productions (écrites, audio ou visuelles) ont retenu l’attention du jury constitué d’experts en agriculture, et en information et communication. Les travaux de ces lauréats portent, entre autres sur le rôle des femmes et des jeunes dans la promotion de l’agriculture, sur l’exploitation des sols arides par des planteurs ingénieux, ou encore sur l'importance du bio-gaz etc. 


Le Cameroun et sa pénurie
L’article du compatriote Ngala Kilian, lui, s’intitule : «Les agriculteurs face à la pénurie d'eau au Cameroun". Journaliste d'expression anglaise, recruté à la Cameroon Radio and Television, CRTV, en novembre 2003, il y exerce tout en faisant des piges pour l’agence mondiale d’information, Inter Press Service. Avant son admission à la CRTV, le confrère s’était déjà essayé en presse écrite pendant un an. Il est diplômé de l’École Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication, ESSTIC, à Yaoundé. La quarantaine à peine amorcée, il a à son actif une dense production journalistique en ligne, surtout dans le secteur agricole, devenu son domaine de prédilection.

10 ans du PDDAA : un événement riche en couleurs
Son prix, ainsi que ceux des autres gagnants, lui a été décerné au cours d’une cérémonie regroupant des dirigeants africains et mondiaux, des organisations internationales, des membres de gouvernements africains, des responsables d’entreprises agro-industrielles privées, d' institutions financières, des agriculteurs, des ONG et des organisations de la société civile, tous réunis depuis le 18 mars à Durban à la faveur du 10ème anniversaire du PDDAA (Programme détaillé pour le développement de l'Agriculture africaine), pour discuter et élaborer des plans d'investissement concrets afin d’intensifier le développement agricole en Afrique .


vendredi 21 mars 2014

Développement agricole: l'Afrique veut maintenir sa dynamique de croissance


Par Marie-Noëlle Guichi
A Durban
Afrique du Sud

Depuis 2003 où le Programme détaillé pour le développement de l'Agriculture africaine a été mis sur pied, le PIB agricole a augmenté en moyenne de près de 4% sur le continent. Un record de croissance qui demeure loin de l’objectif de 6% que les leaders africains se sont fixés au lancement dudit programme. Beaucoup reste donc à faire dans cette Afrique qui présente un profil faible en matière de sécurité alimentaire, avec un quart de sa population identifiée comme sous alimentée.


Une vue des participants
La 10ème réunion de la plate-forme de partenariat du PDDAA ouverte mardi, 18 mars 2014 à Durban, en Afrique du Sud permet à quelques 500 délégués venus de tous les coins du continent Africain de mener une réflexion approfondie sur l'Afrique de demain, au plan agricole. Leurs travaux ont pour thème: «transformer l'agriculture africaine en vue d'une prospérité partagée et un revenu amélioré, en s'appuyant sur les opportunités de croissance inclusive et de développement durable".

C'est que, cette année 2014 a été déclarée «année de l'agriculture et de la sécurité alimentaire» par l'Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l'Union Africaine en 2012. Les acteurs du secteur agricole africain réunis à Durban, profitent du 10ème anniversaire du PDDAA (en réalité 11 ans, puisqu'il a été créé en 2003 à Maputo au Mozambique), pour faire le bilan. L’objectif fixé à la naissance du PDDAA étant d'amener chaque pays africain à y adhérer en signant le pacte d’abord; et puis consacrer au moins 10% de son budget à l'agriculture, afin d'atteindre annuellement une croissance d'au moins 6% dans le secteur agricole.

Des acteurs attentifs
Des pays modèles
Au moment où le PDDAA (en anglais CAADP= Comprehensive Africa Agriculture Development Programme) s'arrête, à la faveur de ses dix ans d'existence, pour examiner le chemin parcouru depuis lors, le constat est plus ou moins encourageant selon les officiels qui se sont succédés au podium lors de la cérémonie d'ouverture de ce forum continental annuel: 50 des 54 pays africains ont lancé le processus du PDDAA. Pour eux, c'est un exploit. Car seuls manquent à l'appel le Botswana, la Tunisie, l’Érythrée et le Sahara Occidental. 40 pays ont déjà signé le pacte du PDDAA, marquant par là leur engagement à atteindre les objectifs cités plus haut. Les pays africains non encore signataires mais engagés dans le processus du PDDAA sont le Gabon, la Namibie, la Somalie, l’Algérie, le Zimbabwe, le Soudan, le Tchad, l’Égypte, la Libye et le Congo-Brazzaville.

A ce jour, seulement 28 pays ont effectivement adopté un plan d'investissement devant leur permettre de réaliser ces objectifs. Une quinzaine de pays ont atteint ou même dépassé la consigne de 10% de leur budget national affecté à l'agriculture. Ces pays qui sont comme des modèles aujourd’hui sont entre autres, l’Éthiopie, le Kenya, le Burkina Faso, le Ghana, le Burundi, la Tanzanie, le Mali, le Mozambique, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Sierra Léone, le Malawi et…la République Centrafricaine d’avant la crise politique.


Les officiels après leurs discours d'ouverture

Le Cameroun à la traîne

Le Cameroun qui n'accorde que 3% de son budget à l'agriculture est loin du compte. Même s'il peut se féliciter aujourd'hui d'avoir enfin signé le pacte. C'était il y' a à peine dix mois, précisément le 17 juillet 2013. C'est-à-dire une décennie après la création du PDDAA. Plusieurs étapes lui restent encore à franchir, pour figurer un jour parmi ces pays qui réalisent avec succès la vision énoncée au lancement du PDDAA par les chefs d’États et de gouvernement de l’Union Africaine.

La rencontre du Durban, où le Cameroun est représenté par des cadres du Minader et du Minrext, des membres de la société civile et des acteurs du secteur agricole, se présente comme l'occasion idoine pour ses plénipotentiaires, de copier les bonnes pratiques. Tant les assises donnent la possibilité aux acteurs étatiques et non étatiques d'interagir, d'exprimer leurs points de vue sur ce qui fonctionne ou pas, de faire de nouvelles orientations et de redéfinir les objectifs pour la prochaine décennie. 


Ce Forum rassemble les acteurs de l'agriculture africaine - allant des gouvernements au secteur privé en passant par les organismes internationaux de développement, l'Union africaine, la société civile et les communautés économiques régionales. Il est question pour ce beau monde de repositionner l'agriculture comme moteur de transformation en Afrique.

mardi 4 février 2014

L’Union Africaine contre la cession des terres aux étrangers

Par Marie-Noëlle Guichi

En marge du sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Addis Abéba en Éthiopie la semaine dernière, Dr Nkosazana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), s’est adressée aux médias sur le thème dudit Sommet: «Agriculture et sécurité alimentaire » et sur l’Agenda 2063 de l’Afrique.

En présence de Mme Tumusiime Rhoda Peace, la Commissaire de l’UA en charge de l'Économie rurale et de l'Agriculture, Dr Nkosazana a martelé : « les Africains ne devraient pas être contraints de vendre leurs terres à d'autres personnes ; la terre doit appartenir au peuple, l'Afrique aux Africains ». Pour elle, les Africains doivent veiller à faire de l'agriculture une composante majeure de l'Agenda 2063, la nouvelle vision pour le développement de l’Afrique dans les 50 prochaines années.  

Les journalistes apprendront ainsi que l'absence de politiques foncières fortes a amené certains pays africains à vendre ou à accorder leurs belles terres arables à des investisseurs étrangers. La Présidente de la Commission de l'Union africaine souligne que l’Afrique devrait donner au peuple le pouvoir de décider en ce qui concerne les questions foncières.

De gauche à droite: Mme Tumusiime, Dr Nkosazana et Habiba Mejri-Cheikh, Dircom UA
En outre, explique-t-elle, ceux qui travaillent la terre doivent avoir accès à la technologie et aux capitaux, de manière à leur permettre de produire et de transformer les aliments, d'être plus compétitifs sur les marchés internationaux, et de créer des emplois. Par conséquent, les revenus générés resteront dans les pays, et l'activité créera de la valeur ajoutée pour les personnes qui travaillent ​​ces terres;, affirme-t-elle. 

Dans le cadre de l’Agenda 2063, sa vision consistant à « bâtir une Afrique centrée sur les personnes et dirigée par ses citoyens », l'Union africaine a engagé des consultations très fournies avec les Africains, y compris la jeunesse, la société civile, la diaspora, les médias, ainsi qu’avec les membres du Conseil exécutif en recourant à divers outils, notamment son site Web (www.au.int).

Les consultations se poursuivront jusqu'à la tenue du Sommet des chefs d'État en juin 2014 ; sommet au cours duquel l'Agenda 2063 sera adopté. Mais avant, les chefs d’États et de gouvernement de l’Union Africaine y auront apporté leurs contributions lors de leur Conférence qui précède ledit Sommet.

Et une fois adopté, l’Agenda 2063 sera intégré dans les plans nationaux et permettra à l'Afrique de disposer de ses propres objectifs de développement.

La Présidente de la Commission de l'Union africaine a également abordé des questions telles que le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique, PDDAA et la recherche d'autres sources de financement.

Elle a ainsi encouragé l’ensemble des États membres à mettre en œuvre le PDDAA et à tirer des enseignements des processus de mise en œuvre réussis de certains pays. Enfin, elle a indiqué que l'Union africaine a pris des mesures pour créer une fondation afin de lever des fonds auprès des particuliers et du secteur privé, entre autres. 

Source : Direction de l’information et de la communication (Dircom) UA