Par
Marie-Noëlle Guichi
Lors d’un
colloque à Yaoundé le 28 mai dernier, le top management de cette société Française de conseil et de logiciels,
compétente dans les domaines du solaire
photovoltaïque et Eolien, a dévoilé ses ambitions pour le Cameroun.
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Une vue des participants au colloque de Yaoundé |
Un état des lieux du réseau électrique au Cameroun
montre d’énormes limites selon les experts de Powersys qui ont accédé à des
études montrant un maillage électrique du territoire sous dimensionné ; la
saturation des lignes et des postes source ; les pertes en ligne, l’échauffement
et la destruction prématurée des ouvrages ; les chutes de tension en ligne
hors de la limite acceptable des 5% ; le déficit de protection des lignes
et des ouvrages ; l’absence de protection paratonnerre et parafoudre…
En effet, une étude sur l’électrification des hôpitaux
du Cameroun -étude menée par Guy Merlin NGOUNOU du Centre Universitaire de
recherche sur l’Energie pour la santé, CURES
et doctorant à Lausanne en Suisse- révèle de multiples failles telles que
l’absence de protection contre les surtensions, le mauvais dimensionnement du
réseau, l’existence de groupes électrogènes en surcharge etc.
Un séjour de 48 heures dans 3 hôpitaux de district a
ainsi permis à ce chercheur camerounais d’enregistrer 2 cas de surtension, 147
baisses de tension, 466 creux de tension et 101 coupures d’énergie. La
conséquence qui en résulte, c’est la forte réduction de la disponibilité des
appareils médicaux électriques. Ce qui met en danger des vies humaines. Ce cas
concret n’est qu’une petite illustration des graves limites du réseau
électrique au Cameroun, apprend-on.
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Des participants discutant durant la pause |
Offre variée de prestations
Avec les grands projets industriels en cours dans ce
pays et un réseau électrique de plus en plus maillé et complexe, il y’a risque
de court circuit à certains endroits du réseau, soulignent les spécialistes du
secteur. Pour autant, en amont, il est possible d’anticiper ces perturbations
du réseau, pour le rendre plus fiable. Jules FONO, Directeur Technique Afrique
de Powersys
l’a longuement expliqué aux cadres du ministère de l’énergie et de l’eau, de
l’Agence de régulation du secteur de l’électricité, aux industriels,
universitaires et bien d’autres participants au colloque du 28 mai dernier à
Yaoundé.
Il indique
qu’il suffit de bien dimensionner les installations électriques dès le départ,
pour éviter les déplorables situations, telles que les surcharges aux
conséquences bien lourdes. Toute chose qui passe par des études, telles que
celles de stabilité transitoire, qui doivent être réalisées lors de la conception
des réseaux électriques de transport, de distribution et industriels. POWERSYS, dit-il, propose une offre variée
de prestations comme les études de coordination d'isolement, les études de
raccordement de production décentralisée (éolien, solaire), et tout type
d'étude sur les réseaux électriques (répartition de puissance, court-circuit,
harmonique,…)
Francis TAKA, Directeur commercial Afrique à Powersys explique que, déjà présente en Amérique
du Nord, Asie et Union Européenne, Powersys
souhaite se développer en Afrique. Le Cameroun se trouve ainsi être le
premier pays Africain visé. Et sous peu, Powersys ouvrira des bureaux à Douala, capitale économique.
Résorber le
déficit
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De gauche à droite: Merlin Ngounou, Jules Fono, Francis Taka et Vincent Capron |
Face au potentiel électrique (Hydraulique, solaire, Eolien,
etc…) inégalement reparti entre les pays africains, Vincent CAPRON, Directeur
général Powersys propose, à travers études et autres logiciels, de favoriser
l’interconnexion entre les pays afin que ceux qui ont une grosse production
approvisionnent ceux qui ont un déficit.
Ceci, par la mise en place des projets
d’interconnexion entre pays Africains, et la création des pools énergétiques.
Il y’a là, explique-t-il, un besoin de modéliser avec précisons les liaisons en
tenant compte des technologies les plus récentes et les plus performantes.
La production totale du Cameroun en énergie électrique
est d’environ 1500 MW, soit un déficit de 600 MW. La croissance de la demande
en énergie électrique ici est d’environ 10% par an. L’agence de l’électrification
rurale révèle que seulement 3000 localités sur 14 000 ont accès à
l’électricité au Cameroun. Pourtant, ce pays a le 2ème potentiel
hydroélectrique d’Afrique après le Congo.
La solution de Powersys viendrait résorber le déficit
et créer des emplois et même donner la possibilité au Cameroun de vendre une
partie de sa production énergétique aux voisins.
Vincent CAPRON, Directeur
général Powersys
« Une meilleure qualité d’énergie électrique et
moins de délestage »
Lors du
colloque de Yaoundé, Vincent CAPRON qui foulait le sol africain pour la toute
première fois s’est prêté à nos questions sur son projet au Cameroun, ses
attentes et ses appréhensions.
Powersys solutions est en cours d’installation au
Cameroun. Qu’est-ce qui justifie le choix de ce pays, le tout premier en
Afrique, pour implanter votre entreprise?
Powersys propose des prestations de services et des
logiciels qui permettent de représenter et gérer les réseaux électriques. Nous
sommes en plein développement partout dans le monde où les réseaux électriques
se développent et s’améliorent. Nous sommes présents en Europe, en Amérique du
Nord et sommes en train de se développer en Inde, en Australie et aussi en
Afrique. La Cameroun est pour nous un pays disposant d’une situation géographique
stratégique en Afrique. De plus, celui-ci dispose de nombreuses ressources en
ayant par exemple un fort potentiel hydro-électrique (le 2ème en
Afrique). Nous pouvons donc ici construire un centre d’expertise sur les
réseaux électriques qui pourra rayonner et proposer ses services localement,
mais aussi dans les autres pays d’Afrique.
Vous venez d’organiser une rencontre à Yaoundé pour
parler des avantages qu’il y’a à s’assurer un réseau fiable de transport, de
transmission et de distribution de l’énergie électrique. A qui vous
adressiez-vous exactement ? Quel intérêt pour les usagers
camerounais ?
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A l'extrême droite: Vincent CAPRON dans un échange avec des participants |
Nous nous adressions à tous les acteurs ayant un rôle
dans la gestion de l’énergie électrique au Cameroun. Nous travaillons avec de
nombreux acteurs équivalents partout dans le monde et les problèmes qu’ils
rencontrent sont les mêmes qu’ici. Nous pouvons partager nos expériences et
donc trouver des solutions équivalentes à celles qui ont été mises en place en
France, au Canada, et dans beaucoup d’autres pays du monde. Pour les
utilisateurs finaux, cela pourrait avoir comme impact une meilleure qualité
d’énergie électrique et certainement moins de délestage.
Powersys Solutions a jusqu’ici évolué en Europe où
l’environnement et même les mentalités sont propices à son expansion. Quelles
sont vos appréhensions au moment où vous vous risquez sur un terrain inconnu
comme le Cameroun, et partant, l’Afrique en général ?
Les cultures sont évidemment différentes et il faut
respecter ces différences. Nous ne voulons rien imposer en venant ici et
souhaitons justement travailler différemment que d’autres qui souvent proposent
de vendre au Cameroun des prestations ou logiciels depuis la France ou le
Canada. Notre volonté est de venir s’installer ici durablement pour travailler
localement en étant proche de nos clients. Malgré les différences de culture,
un réseau électrique reste un réseau électrique, et encore une fois les
problèmes d’ici sont les mêmes qu’ailleurs, il existe donc des solutions !
De plus, nous connaissons très bien les différences de culture et travaillons
déjà dans des pays ayant des habitudes très différentes (Inde, Japon, …). Je
suis convaincu que nous réussirons à nous adapter et à travailler main dans la
main avec les acteurs locaux pour la réussite de tous !
Que pourrez-vous gagner en retour en investissant sur
le Cameroun, tel que vous le faites déjà à travers cette visite exploratoire de
votre équipe d’experts et vous-même ? Quelles sont vos projections en
termes d’investissements, de rendements et de gains ?
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Vincent CAPRON lors de son exposé au Hilton à Yaoundé |
Il est très difficile aujourd’hui d’estimer le retour
sur investissement possible. Cela dépendra de l’état d’esprit des gestionnaires
et de la volonté politique. Nous sommes prêt à prendre ce risque en
investissant aujourd’hui sans être sur du retour possible. Ce qui est sûr c’est
qu’une activité ne peut perdurer que si son activité est saine financièrement,
c’est-à-dire que celle-ci est rentable sur le long terme. Si vous nous voyez
toujours présent ici au Cameroun dans plusieurs années, vous aurez donc, je
pense, la réponse à votre question. Je suis néanmoins convaincu que nous
pouvons faire de grandes choses ici et que nous pouvons faire du Cameroun le
pays de référence en Afrique pour la maitrise et la gestion de son réseau
électrique.
Peut-on avoir une idée de vos succès et échecs
ailleurs où vous existez déjà ?
Une des difficultés que nous rencontrons souvent est
le recrutement de collaborateurs ayant une bonne connaissance de nos métiers.
Nous souhaitons recruter localement et il est très difficile de choisir le/les
bons collaborateurs. Cette difficulté existe partout (en France, aux USA, en
Inde, …). C’est pour cela que nous allons mettre en place des partenariats avec
les universités de référence au Cameroun pour essayer de contourner ce problème
en travaillant en amont avec eux sur la formation de nos futures recrues.
Notre plus grande réussite est
le développement local de nos bureaux avec notamment un développement
commercial mais aussi un développement humain pour nos collaborateurs. Nous
sommes très attachés aux valeurs humaines qui sont essentielles pour le bon
développement d’une entreprise et d’avoir une bonne activité commerciale
accompagnée de collaborateurs épanouis est pour nous un formidable succès.
Réalisée par Marie-Noëlle Guichi