samedi 30 novembre 2013

SOUS FINANCEMENT DES PME: Les solutions ne sont pas miraculeuses, selon Fabrice KOM TCHUENTE


Fabrice KOM TCHUENTE, FinAfrique 

 Le Directeur Exécutif de FinAfrique, Cabinet spécialisé dans la Banque, la Finance et l’assurance, et organisateur de FIFAS 2013, s’est prêté à nos questions, à la fin de ce forum International qui s'est tenu du 20 au 22 novembre 2013 à Douala au Cameroun.

Quelles leçons tirez-vous du FIFAS 2013?

Les leçons que nous tirons de ce Forum sont les suivantes : les solutions pour résoudre ce paradoxe entre la surliquidité bancaire, l'épargne et le sous-financement du secteur privé ne sont pas miraculeuses. Elles sont claires et précises telles qu'évoquées par de nombreux experts financiers africains pendant les travaux. Cependant, le passage à l'action par la mise en place de réformes et d'infrastructures financières viables se fait attendre.
 
Qu'entendez-vous faire des résolutions qui en sont sorties?

Toutes les résolutions seront consignées dans un document que nous publierons dans les prochains mois.
Ces actes seront envoyés et présentés auprès des institutions et organismes financiers d'Afrique Subsaharienne tels que : les Associations bancaires, les Commissions bancaires, les Banques centrales, les commissions monétaires, les Ministères de l'Economie et des Finances, les Organismes patronaux,... Et nous nous tiendrons bien entendu à leur disposition afin de les mettre en relation avec les auteurs des différentes propositions pour approfondissement.
 
A quand la prochaine édition? Où? Et avec quels moyens?

Avant de programmer la prochaine édition, nous nous assurerons que les actes de la première édition sont bien parvenus aux responsables concernés. Quant à la deuxième édition, nous visons l'année 2015. Le lieu n'est pas encore fixé, mais la Côte d'Ivoire semble porter le plus de suffrages. Concernant les moyens, nous échangerons le moment venu avec les institutions qui seront concernées par la problématique à résoudre.

Réalisée par Marie-Noëlle Guichi

Comment absorber les 7000 milliards CFA de surliquidité en Afrique Subsaharienne ?


Les agences de notation financière se montrent incontournables
 
Face aux banques, frileuses, qui gardent par devers elles près de 7000 milliards de FCFA, s’abstenant de prêter aux PME, pas toujours dignes de confiances, les agences de notation se présentent comme un pont entre les deux entités et un outil de suivi. 

Selon les acteurs du secteur financier, la notation financière se présente aujourd’hui comme un nouvel indicateur du risque de l’investisseur en Afrique et un outil d’aide à la décision. « L’argent a besoin d’un environnement de confiance pour circuler », a ainsi indiqué, à FIFAS 2013, Stanislas ZEZE, Président Directeur Général de l’Agence de notation Bloomfield, basée en Côte d’Ivoire. 

Stanislas ZEZE, Bloomfield

Soulignant l’importance de la notation financière, Christian POUT, Président du « Think Tank CEIDES », soutient  que  « La notation financière constitue, pour les investisseurs, un critère clé dans l’estimation du risque qu’un investissement comporte, particulièrement dans le cadre de marchés financiers de plus en plus globaux qui rendent difficile la maîtrise de l’information et donc de tous les paramètres de risque ». 

Pour lui, c'est même un des critères obligatoires pour les emprunteurs institutionnels (fonds de pension, collectivités territoriales, etc.) dont les statuts précisent un niveau de notation minimal pour leurs investissements. 

Christian POUT, Think Tank CEIDES

L’agence de notation financière a alors pour rôle d’apprécier le risque de solvabilité financière d’une entreprise, d’un État ou d’une autre collectivité -publique, nationale ou locale-, d’une opération (emprunt, emprunt obligataire, opération de financement structurée, titrisation, etc.) et de lui attribuer une note correspondant aux perspectives de remboursement de ses engagements envers ses créanciers - fournisseurs, banques, détenteurs d’obligations, etc. 

Autrefois considérées comme une affaire d’occidentaux,  les agences de notation financière entrent progressivement dans les mœurs en Afrique où elles sont de plus en plus sollicitées. Stanislas ZEZE affirme avoir déjà pénétré le marché de l’Afrique de l’Ouest. 



Une vue des participants à FIFAS 2013

Toutefois, en Afrique francophone, regrette-il, les habitudes ont la peau dure. Là-bas, note-il, « on a un soucis avec la transparence. C’est culturel. Les structures supposées être notées ne sont pas toujours prêtes à donner les informations, même si à priori elles ne sont pas sensibles ». Pourtant, beaucoup veulent avoir une note, condition de plus en plus exigée par les banques pour  libérer leurs crédits.

Marie-Noëlle Guichi

L’Afrique mise sur l’agro-business pour émerger


Le potentiel de l’agro-business reste sous-exploité sur le continent

Lors du 1er forum International de la Finance en Afrique Subsaharienne, du 20 au 22 novembre 2013 à Douala, Banques, PME et Etats africains ont été invités à développer de véritables relations d’affaires autour de la production agricole et de l’industrie agro-alimentaire. 

Pour prendre l’exemple du Cameroun, l’on constate que, bien que l’agriculture soit l’activité la plus importante pratiquée par une grande partie de la population (70%), elle ne sert principalement qu’à la subsistance et à l’exportation.

Le public de FIFAS 2013

Eric NGAH ELOUNDOU, Directeur Général du cabinet Elesyst trouve une explication à ce phénomène, faisant observer que, même si depuis les années d’indépendance (1950), l’agriculture a toujours été au centre des stratégies de développement économique et de croissance en Afrique subsaharienne, « ce choix n’a pas été opéré par les Africains eux-mêmes dans le cadre d’une politique volontaire axée sur la croissance et l’emploi ».

        
Transformation    industrielle

Il s’agissait davantage, remarque-t-il, d’un choix stratégique des puissances coloniales. Ces dernières avaient alors mis en œuvre « une politique qui faisait de l’Afrique une zone de production des matières premières destinées aux industries européennes pour la transformation ».  

Pour lui, cette exportation des matières premières brutes (produits agricoles, pétrole et bois) doit céder définitivement la place à la transformation industrielle, pour apporter une valeur ajoutée sur place en Afrique.
Et au-delà de cette transformation, les experts réunis à Douala pensent que l’Agro-business doit être accéléré. Il s’agit de toute une chaine, englobant la culture et ses activités connexes, dont les phytosanitaires, les  technologies agricoles, la recherche, la transformation industrielle, la distribution, le marketing, la vente…

Une gamme d’instruments financiers…     

Pour réussir ce challenge, des institutions financières de développement telles que Proparco, accompagnent les acteurs privés dans les pays émergents et en développement à travers une gamme d’instruments financiers et techniques, a indiqué Ludovic JONCHERAY, représentant régional Proparco Afrique centrale et Nigéria. Proparco bénéficie du soutien de l’Agence française de développement.

Le Fondateur de LiquidAfrica et Directeur Associé d’Enko Capital à Johannesburg, Cyrille N’Kontchou, dit offrir des services similaires pour appuyer les PME africaines. Mais ce ne sont pas des œuvres philanthropiques. 

Marie-Noëlle Guichi