jeudi 17 octobre 2013

PDDAA, dix ans après



PRODUCTIVITE AGRICOLE

Le PDDAA affiche un bilan mitigé à mi parcours


Une décennie après l’approbation de la Plateforme du Partenariat du Programme détaillé de développement agricole (PDDAA), par les Chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union Africaine à Maputo au Mozambique, l’on constate que le chemin reste long à parcourir pour  atteindre l’objectif global de cet instrument qui est d’éradiquer la faim en Afrique et d’y réduire la pauvreté grâce à l’agriculture. 



Reconnaissant l’importance d’un secteur agricole puissant pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté, les Chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union Africaine s’étaient engagés, lors du lancement du PDDAA dans la capitale Mozambicaine, à allouer 10% de leurs ressources budgétaires nationales à l’agriculture à l’horizon 2008 et à relever d’au moins 6 % leur productivité agricole chaque année. Cet engagement devait remettre les pays africains en selle afin de réaliser le premier Objectif du millénaire pour le développement, à savoir réduire de moitié la pauvreté et la faim d’ici 2015.




Les participants à la 9ème plateforme du PDDAA
 

A ce jour, 40 pays sur les 53 que compte l’Afrique se sont engagés dans le processus du PDDAA, et 30 seulement ont effectivement signé le pacte du PDDAA. Parmi eux, moins de 10 ont atteint ou même dépassé le taux minimal de 10% qu’avaient approuvé les dirigeants africains lors de la Session Ordinaire de l’Assemblée générale de l’Union Africaine qui vit naître le PDDAA à Maputo. Si certains pays comme l’Ethiopie, le Malawi, le Ghana, ou même le Kenya sont cités en exemples parce que le budget qu’ils consacrent à l’Agriculture ne cesse d’augmenter, atteignant parfois jusqu’à 19% comme au Malawi, 15% en Ethiopie,  11% au Ghana, de nombreux autres pays africains restent à la traîne, cinq ans après la date butoir de 2008. 




Avec seulement 7% de ressources budgétaires consacrées à l’agriculture, le Cameroun est de ceux-là. Pis, il n’a toujours pas signé le compact (pacte d’engagement) du PDDAA qui l’aurait contraint à mettre sur pied un audacieux plan national pour le développement agricole  et assurer sa sécurité alimentaire. Ce, pour atteindre les objectifs de cet ambitieux programme baptisé PDDAA, qui sont entre autres, d’accélérer la croissance par la promotion du développement agricole afin d’éradiquer la faim, réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire, et augmenter les opportunités sur le marché d’exportation.

                                        L’urgence des actions fortes  


« Nous voulons des résultats pour nos pays », a martelé Mme Rodha Peace Tumusiine, Commissaire de l’Union Africaine en charge de l’économie rurale et de l’Agriculture, à la clôture de la 9ème plateforme du Partenariat du Programme détaillé de développement agricole (PDDAA) qui s’est tenue les 25 et 26 mars 2013 à Addis-Abeba, en Ethiopie. Et même qu’à l’ouverture de cette rencontre qui a réuni près de 500 participants venus de tous les horizons d’Afrique, Mme Rodha Peace Tumusiine a également insisté sur l’urgence des actions fortes, au moment où le PDDAA s’apprêtait à célébrer ses dix années d’existence en juillet 2013. 

Comme elle, le Secrétaire Exécutif de l’Agence du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique),  Dr Ibrahim Assane Mayaki, reste sur sa faim. Dans un message lu par Mme Estherine Fotabong, Chef de la Direction de l'Agence du NEPAD pour la mise en œuvre du programme et de la coordination, il fait remarquer que face à l’urbanisation rapide de l’Afrique dont la population urbaine pourrait croître de 50% d’ici 2035, il est urgent d’accroitre la production et la transformation agricole sur le continent.  



Et pour y arriver, dit-il, il faut absolument que les financements parviennent aux petits producteurs qui représentent  90% d’agriculteurs en Afrique. Mais qui, malheureusement sont ignorés du secteur financier. « Ils doivent aussi profiter du flux des capitaux qui sont investis en Afrique », souligne Dr. Ibrahim Mayaki. Quant à Rodha Peace Tumusiine, elle pense que les pays Africains doivent dorénavant investir les fortes sommes qu’ils dépensent dans l’importation des denrées alimentaires pour produire afin d’assurer leur souveraineté alimentaire.  

Marie-Noëlle Guichi
A Addis-Abeba







DEVELOPPEMENT AGRICOLE EN AFRIQUE 

Des espoirs sont permis grâce au fonds fiduciaire multidonateurs


Le thème de cette 9ème PDDAA a été consacré aux leçons apprises ces dix dernières années, ainsi qu’à l'anticipation des défis qui se manifesteront dans les années à venir. A l’analyse, le fonds GAFSP est présenté comme un outil incontournable, qu’il faut booster, afin que le nombre de bénéficiaires, publics et privés, soit accru.   

Tout n’est pas rose. Au cours de la 9ème Plateforme du Partenariat du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA), les mouvements paysans, les acteurs non étatiques, la société civile, les partenaires au développement et même des gouvernements Africains, ont tous été unanimes sur le fait que le fossé est encore grand, entre les promesses et les réalisations. Cependant, beaucoup soutiennent que le PDDAA a de quoi se réjouir. 

Déjà, il a réussi l’harmonisation des aides des bailleurs de fonds à travers la mise sur pied d’un Fonds d’affectation spéciale multi donateurs en faveur des activités du PDDAA et des programmes d’investissement, a reconnu Dr Ousmane Badiane, Directeur Afrique du GAFSP, le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, un fonds fiduciaire multi donateurs créé en avril 2010 au sommet d’Aquila en Italie, à la demande du G20 et administré par la Banque mondiale. Ce fonds, rappelle-t-il, soutient les plans nationaux et implique les agriculteurs et la société civile dans les processus de décision et de mise en œuvre. 





Ce fonds dont les bénéficiaires viennent tant du public (petits exploitants agricoles encadrés par l’Etat) que du privé (gros investisseurs) a déjà entraîné des changements radicaux dans une douzaine de pays bénéficiaires dont le Rwanda, le Togo, le Niger, la Sierra-Leone, l’Ethiopie, le Ghana, le Nepal, le Bangladesh, la Tanzanie, le Malawi, le Kenya etc., a-t-on appris à Addis. Pour le constituer, sept pays, avec le Canada et le Pays-Bas en tête, de même que la Fondation Bill et Melinda Gates, se sont engagés à fournir environ 1,1 milliard de dollars américains au cours de 3 ans à compter de la date de création dudit fonds. En 2013, à l’heure du bilan, seulement 3500 millions de dollars ont déjà été débloqués. Loin du compte. 

Malgré tout, à la Commission de l’Union Africaine, l’on garde espoir.  Dans un mot de bienvenu conjoint, consigné dans une plaquette amplement distribuée à cette 9ème PDDAA, Rhoda Peace Tumusiine et Dr. Ibrahim Assane Mayaki restent optimistes. « Nous avions récemment lancé et mis en place avec succès un programme pour « Maintenir l’élan du PDDAA » avec comme objectif de produire des résultats et de l’impact dans les 5 à 10 années à venir », peut-on y lire. Mais, la mobilisation des ressources propres reste un défi majeur pour les Africains qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, a-t-on entendu dans la plupart des ateliers et discussions. 

Marie-Noëlle Guichi
A Addis-Abeba



PRESSE AGRICOLE

Un réseau de journalistes Africains du PDDAA voit le jour

Il a été officiellement lancé le 24 mars 2013 à Addis-Abeba, par la Commission de l'Union africaine (CUA) et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD). Ce, pour promouvoir le développement agricole en Afrique. 


Au premier plan, Brenda Zulu la présidente du Réseau

Ledit réseau est constitué d’une quinzaine de professionnels de médias en Afrique. Ses membres viennent du Cameroun, du Bénin, du Ghana, de la Zambie, du Nigéria, du Sénégal, d’Ouganda, du Malawi et du Kenya. Ce réseau est sorti des fonds baptismaux la veille du démarrage de la 9ème plateforme du Partenariat du Programme détaillé de développement agricole (PDDAA), qui s’est tenu dans la capitale éthiopienne les 25 et 26 mars 2013.

Prenant la parole au cours de la brève cérémonie officielle de lancement du réseau qui fonctionnait jusque là de façon informelle, le Chef de la Division de l'économie rurale au département de l’économie rurale et de l’agriculture à la Commission de l’Union Africaine,  Dr Janet Edeme, a souligné l’espoir fondé par son organisme en ce noyau d’hommes et de femmes de médias Africains, pour considérablement faire progresser les programmes de développement agricole sur le continent.

Il a insisté sur l’importance qu’il y’a à établir des liens plus étroits entre les médias et le PDDAA, afin que  le monde entier prenne connaissance des réalisations et des espoirs de cette Plateforme de partenariat créée en Juillet 2003 à Maputo au Mozambique pour propulser le continent au devant de la scène, sur le plan agricole.

Conduit par Brenda Zulu, journaliste bloggeuse Zambienne, Directrice de publication du Média Africain Interactif – une sorte d’agence d’information-,  le réseau est appelé à s’intéresser, plus que par le passé, à la couverture des sujets liés à l’agriculture et au développement rural, en mettant l’accent sur les difficultés des agriculteurs, grands et petits, afin que  le PDDAA, les gouvernements africains et leurs partenaires au développement s’en saisissent pour y apporter les solutions appropriées.

Les articles publiés par les membres du réseau dans leurs médias respectifs seront recensés et diffusés sur le site d’information du PDDAA afin de disséminer les bonnes pratiques en matière d’agriculture, mais aussi, pour permettre la prise en charge des cas d’échecs.

Chef de la Direction de l'Agence du NEPAD pour la mise en œuvre du programme et de la coordination, Mme Estherine Fotabong indique pour sa part que, ce pool dédié de journalistes est appelé à relever et mettre en lumière le rôle particulier des femmes et des jeunes qui représentent 80% de producteurs agricoles. Des reportages sur leurs exploits sont attendus de cette presse agricole.


Le Responsable du PDDAA au sein du Nepad, M. Martin Bwalya, a promis de consacrer un appui technique à ce réseau de journalistes pour une meilleure collaboration, un partage d’expériences et d’informations avec les autres journalistes au niveau de chaque sous région.

Contrairement à l’année dernière à Nairobi où il y’avait quelques 250 participants seulement, la plateforme de partenariat du PDDAA, a réuni pour cette 9ème édition, près de 500 délégués représentants des chefs d'Etat africains, les communautés économiques régionales et Sous-régionales, les ministères (35 ministres présents), le secteur privé, la société civile et des organisations paysannes, les producteurs etc. Le but principal de cette grand-messe était d’examiner les réalisations au cours des 10 années d’existence du PDDAA et de faire des projections pour la prochaine décennie.

Marie-Noëlle Guichi
A Addis-Abeba



En Vrac

CE QU’ILS ONT DIT :


Mme Rodha Peace Tumusiine         



 
Commissaire en charge de l’économie rurale et de l’agriculture à la Commission de l’Union Africaine.

" - Depuis Maputo en juillet 2003 l’attention portée à l’agriculture a augmenté ;

- Le PDDAA a contribué à la mise en place des politiques agricoles orientées et efficaces ;

- Le PDDAA a favorisé la création des mécanismes de suivi et d’évaluation ;

- Auparavant, les pays Africains consacraient à peine 3% de leur budget à l’Agriculture, aujourd’hui, beaucoup sont à près de 10% grâce au lobbying du PDDAA ;

- Les tendances au niveau mondial démontrent la nécessité de mettre l’accent sur l’agriculture pour une meilleure intégration économique ; 

-  Les défis de la productivité, de la transformation, de l’échange au niveau régional, continental et  mondial demeure ;

 - Que l’argent dépensé dans les importations soit investi dans la production en Afrique ; 

-La pression mondiale sur les denrées alimentaires va continuer à faire de l’Afrique une destination pour l’investissement ;

- L’Année 2014, sera celle de l’agriculture et de la sécurité alimentaire ;

- Cette année là, l’agriculture sera au centre de tous les fora de discussion, et même au-delà."



Dr Ibrahim Assane Mayaki      
 
 Secrétaire Exécutif de l’agence du NEPAD


« - L’activité agricole contribue à maintenir l’équilibre social ;

-La population urbaine va croitre de 50% en 2035, d’où la nécessité d’augmenter la production agricole pour assurer la sécurité alimentaire; 

- L’Afrique a besoin de la transformation de sa production agricole pour assurer un meilleur équilibre entre les zones rurales et urbaines ;

- L’Afrique doit rendre ses industries compétitives au niveau mondial, améliorer la gouvernance locale dans la gestion des ressources, particulièrement la terre et l’eau ;

-Le leadership est nécessaire pour la mobilisation des financements ;

-Mettre l’accent sur l’agriculture comme entreprise, en impliquant les petits producteurs qui ont un grand potentiel pour le changement ;

-La vision du PDDAA c’est: transformation économique fondée sur l’agriculture ;

-Un fonds fiduciaire pluri donateurs a jusqu’ici permis au PDDAA de mobiliser les financements qui restent insuffisants ; 

-Il faut déplorer la diminution de l’aide publique au développement au moment où un enthousiasme se manifestait déjà au niveau mondial pour le financement de l’agriculture ; 

- Les petits exploitants agricoles sont constitués à 70% de femmes dont il faut tenir compte dans toutes les stratégies de développement agricole."


David NABARO

Ambassadeur du Canada auprès de l’Ethiopie, de Djibouti et de l’Union Africaine, au nom des partenaires au développement du PDDAA.

« -Nous travaillons à l’avancement du secteur de l’agriculture en Afrique grâce au PDDAA ;

 -Il est important de consolider les acquis et de tirer des leçons pour le futur ;

 -L’an dernier à Nairobi, l’accent a été mis sur le besoin de résultats : que les organisations paysannes, tenues en majorité par les femmes et les jeunes soient prises en considérations dans les plans nationaux. 

-Plus de 12 pays ont été soutenus par le fonds multi donateurs ;

-Des efforts reste à faire dans le partenariat avec le secteur privé qui a proposé des milliards d’investissements à travers des lettres d’engagement dans le cadre de gro-Africa ;

- On note des progrès sensibles dans la formulation des politiques ;

- Le Ghana et le Kenya sont en tête des pays qui développent des programmes de formations professionnelles en matière d’agriculture en Afrique.

-Le CAAPD est reconnu au sein du G8, c’est dire s’il est reconnu au niveau mondial. 

- Il faut traduire les plans d’investissement en plan effectif, à travers la viabilisation de    l’environnement et le suivi des résultats. 

- Il faut assainir le Cadre législatif et Renforcer les capacités institutionnelles. »



Pr. Tekaligh Mammo,  Ministre d’Etat chargé de l’Agriculture en Ethiopie.



« -L’Ethiopie a mis en place l’agence chargée de la transformation agricole, ce qui a donné de l’emploi à des milliers de jeunes et mis le pays sur la voie de la croissance agricole, améliorant la sécurité alimentaire pour les nombreux habitants de ce pays qui en compte près de 100 millions. 

-L’Ethiopie est l’un des principaux pays qui met en œuvre le PDDAA.

-Le pays dispose d’un plan national de promotion de la production agricole, avec l’ambition d’exporter l’excédent. 

-Il y’a deux ans, les pouvoirs publics ont mis sur pied une agence de vulgarisation et aujourd’hui, nous comptons plus de 20 centres de vulgarisations des nouvelles techniques culturales auprès des agriculteurs.

-Les premières usines de production d’engrais existent depuis 1 an, à l’horizon 2025, notre pays compte devenir pays à moyens revenus grâce à l’agriculture.

-Le PDDAA demande 6% de production agricole en général, tandis que l’Ethiopie se situe à près de 15% de croissance de sa production agricole. »


Chief Forngueh Alangeh R. CHE,   Représentant du président de l’Organisation africaine des exploitants agricoles, initiative continentale née en octobre 2010 au Malawi (Pan Africa Farmer’s Organisation, PAFO

 « Pour que le secteur agricole se développe, il faut :
-Passer en revue la technologie utilisée jusqu’ici en remplaçants les vielles techniques culturales aujourd’hui obsolètes,

-Revoir la vulgarisation agricole,

-Evaluer les cadres institutionnels, en intégrant tous les acteurs importants, notamment les petits exploitants agricoles, élément clé de ce secteur,

-Nous savons compter sur la plateforme du PDDAA pour impliquer les pays qui trainent encore le pas par rapport au processus de mise en œuvre du PDDAA.

-Nous engageons nos dirigeants à créer un climat favorable au développement de l’agriculture. »





Entretien avec...

MME ESTHERINE FOTABONG:

« Tous les pays Africains sont engagés dans le processus du PDDAA »

Chef de la Direction de l'Agence du NEPAD pour la mise en œuvre du programme et de la coordination, Mme Estherine Fotabong revient sur les enjeux de la 9ème plateforme du Partenariat du Programme détaillé de développement agricole (PDDAA).

Le Cameroun n’a toujours pas signé le Compact du PDDAA.  En tant que Camerounaise, comment appréciez-vous cette absence de leadership politique pour une question aussi importante que le développement de l’agriculture ?

Le Cameroun est actif au sein du PDDAA, même s’il n’a pas encore signé le Compact.  Mais sa participation pouvait être améliorée parce que c’est un pays qui a une forte capacité de production et même de transformation agricoles au niveau de la Sous-région Afrique Centrale. Ce qui fait de lui un pays incontournable en matière agricole. C’est un géant à ce niveau là. Le PDDAA représente ainsi une opportunité pour ce pays pour partager son expérience avec les autres pays africains, surtout que le Cameroun est en train de mettre sur pied une politique agricole qui mérite d’être connue des autres. En tant que leader, locomotive en matière agricole dans la Sous-région, le Cameroun devrait aussi se retrouver au sein de cette famille des pays qui ont déjà signé le compact (pacte d’engagement) du PDDAA. Il est engagé dans le processus. Maintenant, le pays devrait presser le pas pour arriver à la signature du Compact. Et au-delà de la signature, le plus important c’est de mener des actions sur le terrain,  qui profitent directement aux producteurs. Nous avons fait des consultations dans le cadre de l’un de nos programmes portant sur le genre, les changements climatiques et la participation dans le secteur agricole. Cela s’est déroulé dans cinq pays parmi lesquels le Cameroun. Pendant les consultations avec les parties prenantes, nous avons remarqué qu’il existe des projets pilotés par le gouvernement, mais aussi par des ONG qui facilitent l’organisation des femmes en associations de productrices, afin qu’elles bénéficient des intrants agricoles. Mais il y’avait beaucoup de doléances parce ces produits dont elles ont besoin ne leur parviennent pas. Le gouvernement envoie, mais ça n’arrive pas à destination. 

Les partenaires au développement ont promis 1,1 milliard de dollars au PDDAA pour faire progresser le secteur agricole en Afrique. Mois de la moitié de cet argent a été mobilité pendant les trois années que s’étaient fixés ces partenaires à travers le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire. Cette situation vous inquiète-t-elle ?

C’est vraiment inquiétant. Lorsqu’on est engagé dans un partenariat et qu’il y’a des promesses qui sont faites, il y’a une certaine attente. Quand ça n’arrive pas, c’est déplorable. A notre niveau, nous ne cessons d’inviter nos partenaires à tenir leurs promesses afin que nous puissions respecter notre plan d’action. N’oublions cependant pas que les bailleurs de fonds ont aussi leurs problèmes, tels que la crise économique et financière qui secoue l’Europe. Cela n’est pas sans conséquence sur leurs engagements dans le cadre de l’aide au développement. Nous pensons donc que les pays Africains doivent investir leurs propres ressources dans le développement de leur agriculture. L’aide au développement doit constituer plutôt un appoint et non le principal. Si nous convenons que l’agriculture est importante pour la transformation économique de nos pays, il faut y investir notre propre argent, cet argent là qui vient des finances publiques. Il est certes vrai que l’Etat, tout seul, ne peut pas atteindre le niveau de développement que nous désirons. Nous devons créer des conditions qui facilitent la création des PME et PMI locales et leur implication efficace dans le secteur agricole. Et si des investisseurs étrangers s’intéressent à notre agriculture, ils doivent collaborer avec les locaux pour qu’ensemble, on évolue. C’est ce qu’il faut promouvoir pour éviter le phénomène d’accaparement des terres que l’on vit en Afrique aujourd’hui. L’acquisition des terres par les multinationales doit être encadrée par les lois nationales, pour le plus grand bénéfice des populations locales.

Quel type de financement apporte l’Union Africaine pour le développement de l’agriculture sur le continent et quel est le montant annuel de l’enveloppe consacrée à l’agriculture et au développement rural?

Le budget de la Commission de l’Union Africaine permet le renforcement des capacités des experts et l’élaboration des politiques dans les pays bénéficiaires. L’Union Africaine n’a pas pour mission de financer les projets agricoles dans les pays. Non, ce n’est pas son rôle.  Il serait difficile de dire quel est le montant annuel de l’appui que la Commission de l’Union Africaine apporte dans le cadre du renforcement des capacités, tellement il existe une multitude de programme dans ce domaine.

A votre avis, la 9ème plateforme du Partenariat du Programme détaillé de développement agricole a-t-elle atteint ses objectifs malgré les absences remarquables, du Président de la République du Bénin qui y était annoncé, de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine et du Secrétaire Exécutif de l’Agence du Nepad ?

Ce n’est qu’une mauvaise impression. Il n’était pas tellement question du leadership politique à cette réunion, mais de la participation effective des acteurs agricoles. Des invitations ont été envoyées à certains ministres et au Président du Bénin, surtout en préparation du dixième anniversaire du PDDAA. La participation des responsables que vous cités était peut-être importante, mais pas indispensable. Dès l’ouverture des travaux, j’ai présenté les excuses du Dr. Mayaki qui se trouvait à un autre rendez-vous tout aussi important, la réunion du BRICs dont il a ouvert la session. Je crois, en tant que Directeur des programmes de l’agence du Nepad, l’avoir représenté comme il se devait. Quant à la présidente de la Commission de l’Union Africaine, je pense qu’elle a été valablement représentée par Mme Rodha Peace Tumusiine, qui est la Commissaire en charge de l’économie rurale et de l’Agriculture, donc la personne indiquée. Cette dernière s’est d’ailleurs entendue avec Dr. Mayaki avec qui elle a travaillé d’arrache pied pour le succès de cette 9ème PDDAA, pour qu’elle préside le déroulement de la rencontre en leurs noms communs. Cela dit, il faut reconnaitre qu’il y’a un fort engagement et un leadership encourageant au niveau des comités régionaux pour cette question de développement de l’agriculture, un secteur vital pour nos pays. Ce serait d’ailleurs inexplicable si l’on n’ y accorde pas l’attention nécessaire.  

Revenant à la question des objectifs assignés à cette réunion, ont-ils été atteints, à votre avis ?

En tant que plateforme d’échanges, cette réunion a largement atteint ses objectifs. Car c’était l’occasion pour les producteurs, la société civile, le secteur privé, les membres du gouvernement et tous les autres participants de discuter des projets, de partager leurs soucis, d’échanger les adresses etc. C’est ici que les petits producteurs ont eu l’opportunité de parler à leurs ministres directement, de leur poser des questions. Ce n’est pas tous les jours que ça se fait.  

Sur la cinquantaine de pays Africains, trente seulement ont signé le Compact du PDDAA. Qui sont les non signataires et comment appréciez-vous leur réserve ?

Ce qui est important à savoir c’est que tous les pays Africains sont engagés dans le processus du PDDAA, même si certains, comme le Cameroun et la plupart des pays de la Sous-région Afrique Centrale, n’ont pas encore atteint l’étape de la signature du Compact. Car avant cette phase, il y’a beaucoup de choses à faire, parmi lesquelles l’activité de recherche, les consultations, l’analyse de l’environnement économique etc. Ils ont commencé. Ça montre leur engament. Au Cameroun par exemple, il y’a un décret ministériel qui a été créé à cet effet, le contact a été pris avec l’Agence du NEPAD pour faire évoluer le processus, les Commissions économiques régionales ont été saisies etc. Au moment où je vous parle, tous les pays non signataires sont au moins à ce stade là. Le fait qu’ils se soient tous engagés, est déjà très encourageant.

Réalisé par Marie-Noëlle Guichi
A Addis-Abeba


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