vendredi 25 avril 2014

Métiers d'avenir: voici les secteurs qui créeront le plus d’emplois


Par Marie-Noëlle Guichi 

Choisir un métier en fonction des opportunités et perspectives d’emploi qu’offre le secteur, est très indispensable. Il importe donc d’avoir connaissance des professions où les besoins en personnels compétents sont considérables aujourd’hui, et qui créeront le plus d’emplois dans les années à venir. Faisons-y un tour.

« Déchets : opportunités de green business et d’emplois verts en Afrique », c’est le thème d’une rencontre internationale qui s’est tenue les 26 et 27 mars 2014 à Douala au  Cameroun. Le but de ce séminaire était de montrer la place de l’environnement dans la création de nouveaux emplois en Afrique. Le site Internet Jobboom prévoit d’ailleurs une pénurie de travailleurs dans ce secteur pour les années à venir. 

EnviroCompétences, lui, indique que le nombre d’emplois en développement durable devrait croître significativement au cours des trois à cinq prochaines années. La même source précise que près de 85 % des firmes de consultation en développement durable et près de la moitié des employeurs canadiens dans le secteur prévoient embaucher, ce qui créera plus de 4 200 emplois. Enquête d’ECO Canada fait savoir pour sa part que les métiers de l'environnement ont augmenté de 70 % entre 2007 et 2010 au Québec.

Opportunités d’emploi aux femmes

Dans un dossier sur le palmarès des métiers qui recruteront en 2015, le site web www.letudiant.fr observe que cinq secteurs dans le tertiaire, concentreront l’essentiel des créations d’emplois à l’horizon 2015 : les services aux particuliers, la santé et l’action sociale, les transports et la logistique, les métiers administratifs le commerce et la vente. Cette progression des métiers de service s’accompagnera, apprend-on, d’une féminisation des professions.

 Et ce sont l’enseignement, la formation et la communication qui offriront les plus belles opportunités d’emploi aux femmes. Ce site souligne que les difficultés ponctuelles à recruter dans certains secteurs pourraient également faciliter aux femmes l’accès à certaines professions très qualifiées et, malheureusement, encore très masculines, comme ingénieur informatique ou directeur comptable et financier. À condition que, d’ici là, les jeunes filles investissent davantage les filières de formation scientifiques et techniques…

L’on relève sur www.letudiant.fr qu’il y’aura des transformations en profondeur, au rythme des innovations dans le domaine des nouvelles technologies. Ainsi, dans la presse, les supports vont se diversifier et les journalistes seront de plus en plus nombreux à "s’emparer" du multimédia. La polyvalence sera de mise : par exemple, on demandera de plus en plus aux journalistes de presse écrite d’être également capables de réaliser des images vidéo et de les monter. 

De la même façon, les spécialistes de la communication d’entreprise ou institutionnelle enrichiront leurs équipes de webmasters et autres spécialistes de la Toile, formés aux techniques de communication. Journaliste multimédia, Journaliste Reporter d’Image (JRI), responsable de la communication, attaché de presse, webmaster, journaliste d’entreprise, documentaliste, mediaplanner, planner stratégique, gestionnaire de crise, gestionnaire de l’interactivité…sont autant de gisement d’emplois pour les chercheurs d’emplois dans le secteur des médias. Pour y arriver, il faut être accro des nouvelles technologies.

Secteurs porteurs
L’informatique est ainsi présentée comme un métier d’avenir.  Sur la décennie 2005-2015, c’est le secteur qui créera le plus de nouveaux emplois. Aujourd’hui, la plupart des entreprises sont équipées en informatique et travaillent main dans la main avec les sociétés de services en ingénierie informatique et les éditeurs de logiciels. 

Les experts pensent que les entreprises rechercheront de plus en plus des informaticiens dotés à la fois de compétences techniques et capables de comprendre les "métiers" de l’entreprise tels que le marketing, les ressources humaines, etc.

Le secteur du High-tech, en générale est en tête des secteurs qui recruteront le plus. L’agriculture, le commerce, l’industrie, l’élevage, les biotechnologies, la santé, l’éducation, l'audiovisuel, le spatial et les nanotechnologies… ne sont pas en reste. Ils demeurent des secteurs porteurs.



mardi 8 avril 2014

Le Cameroun veut mettre 3550 milliards de FCFA dans son agriculture

Par Marie-Noëlle Guichi

Près de la moitié de ce pactole reste à mobiliser. Ces financements lui permettront d’honorer les engagements pris, il y’a une dizaine de mois, notamment lors de la signature du Pacte du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA).
 
Au cours de la réunion de validation du plan national d’investissement agricole (PANIA) du Cameroun, tenue ce 09 avril 2014, à l’hôtel Hilton de Yaoundé, les officiels Camerounais sont largement sur ces besoins de financement et les stratégies à déployer pour mobiliser ces fonds à utiliser pendant les 7 prochaines années pour booster le secteur agricole au Cameroun. 

Cette rencontre tant attendue, qui intervient après la signature par le Cameroun, le 17 juillet 2013, du Pacte PDDAA devrait permettre à ce pays d’honorer un engagement pris par le gouvernement dans ce Pacte : œuvrer pour la réalisation, à terme, de l’objectif d’allouer  au moins 10% du budget national à l’agriculture, comme l’ont recommandé les pères fondateurs du PDDAA à sa création en 2003 à Maputo au Mozambique. 

A ce jour, le Cameroun ne consacre que 3% de son budget à l’agriculture. Là où des pays comme l’Éthiopie, le Kenya, le Burkina Faso, le Ghana, le Burundi, la Tanzanie, le Mali, le Mozambique, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Sierra Léone, le Malawi et…la République Centrafricaine d’avant la crise politique, ont déjà atteint et même dépassé les 10% fixé par les leaders africains lors du lancement du PDDAA.

L’assise de Yaoundé vise la validation du plan nationale d’investissement agricole (PANIA) du Cameroun, une étape qui suit automatiquement la signature du Pacte sus-évoqué. Car les pays qui signent ce pacte PDDAA doivent absolument adopter ce PANIA qui spécifie les activités et les besoin de financement permettant de réaliser les objectifs du PDDAA, dont le principal est de porter les performances du secteur rural à la hauteur des potentialités du pays, avec une croissance d’au moins 10% à l’horizon 2020.

Le PANIA du Cameroun ressort pour la période 2014-2020, des besoins de financement publics pour le secteur agricole de l’ordre de 3550 milliards de FCFA, dont 42,5% (1509 milliards) sont à rechercher. 

Ce montant de 3550 milliards de FCFA n'est constitué que des ressources publiques que le Cameroun entend injecter dans l'agriculture durant cette période de 7 ans. Il s'agit des prévisions du DSCE pour les 4 principaux ministères du secteur rural: ministère de l'agriculture et du développement rural, ministère de l'environnement, ministère des forêts et de la faune, ministère de l'élevage; et l'aide promise par les différents partenaires au développement. 

Quand on y ajoute ce que le secteur privé y investira (investissements privés, fonds issus des banques et microfinances à travers des crédits aux opérateurs économiques), on se situe à près de 11. 000 milliards de Cfa, a indiqué ce jour à Yaoundé, le point focal technique national du PDDAA au minader, M. Ondoa Manga Tobie.

Stimuler la croissance économique
Cette enveloppe lui permettrait, si elle est bien gérée, de développer les filières de production (végétales, animales, halieutiques et forestières) et d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; de moderniser les infrastructures de production du monde rural et d’améliorer les mécanismes d’accès au financement ; d’organiser la gestion et la valorisation des ressources naturelles ; de renforcer les capacités des acteurs du développement agricole etc.

Adopté par les Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union Africaine en 2003 à Maputo, le PDDAA, piloté par le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique), a pour but d’aider les pays africains à stimuler la croissance économique par le développement de l’agriculture en vue d’éradiquer la pauvreté et la faim sur le continent. 

Il s’appui sur 4 piliers majeurs : étendre les superficies exploités en gestion durable des terres ; améliorer les infrastructures rurales et les capacités d’accès aux marchés liées au commerce ; augmenter l’approvisionnement alimentaire et réduire la faim ; accroître la recherche agricole, la diffusion et l’adoption des technologies innovantes.

Avec la validation de son plan national d’investissement agricole, le Cameroun rejoint la liste très restreinte des 28 pays Africains qui ont effectivement adopté un tel plan, devant leur permettre de réaliser les objectifs du PDDAA.

Plus de dix ans après l’adoption de ce programme, 50 pays Africains sur 54 se sont engagés dans le processus, 40 pays ont effectivement signé le Pacte comme le Cameroun et 15 pays ont reçu des ressources du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, créé en avril 2010 à la demande du G20. 

Une fois son PANIA validé et adopté, le Cameroun aura désormais le droit de solliciter ces fonds qui aident les pays à introduire des améliorations durables, à travers des investissements pérennes, dans l’agriculture et la sécurité alimentaire.

vendredi 4 avril 2014

Entrepreneuriat social : l’Afrique trace son sillon

Par Marie-Noëlle Guichi

Certains entrepreneurs africains se montrent de plus en plus pointilleux sur la limitation du gaspillage, l’offre de services innovants alliant qualité-prix, la lutte contre le chômage…

Les grosses marges bénéficiaires ne sont pas la priorité pour ces nouveaux entrepreneurs qui se lancent dans un système économique à but non lucratif, qui a pour seul objectif de résoudre les problèmes des populations et d'améliorer leurs conditions de vie. Ces généreux Africains font de l’entrepreneuriat social…pour le plus grand bonheur des moins nantis. Voici quelques tableaux :

En Ethiopie, l’entreprise sole Rebels fabrique d’élégantes chaussures artisanales, avec de belles semelles en caoutchouc, faites de pneus de voiture recyclés. Sa trouvaille, très respectueuse de l'environnement, avec un engagement pour une empreinte zéro carbone, s’écoule localement et sur des marchés internationaux. La pérennité de l’activité est garantie par le riche patrimoine artisanal d’Ethiopie. Des centaines de défavorisés de ce pays y ont trouvé un emploi permanent. Il  leur permet de nourrir leurs familles, parfois très nombreuses. 

Au Malawi, le Sud-Africain Paul Scott Matthew, Directeur Afrique de North Star Alliance, a imaginé une merveilleuse solution pour atténuer les impacts alarmants de VIH / SIDA sur les travailleurs ambulants. S’étant rendu compte que les chauffeurs de camion, très exposés à la pandémie n'avaient pas accès aux soins de santé de base pendant le travail, il a créé pour eux un réseau de 22 cliniques reliées entre elles, appelées « Roadside Wellness Centres ». Déjà présentes dans les 10 régions du Malawi, elles offrent aux travailleurs mobiles et aux communautés touchées, un accès continu de haute qualité à la santé et aux services de sécurité.

Au Burkina Faso, Seri Youlou, agriculteur burkinabé, et Thomas Granier, maçon français, ont construit, il y’a dix ans, une maison à voûte nubienne. Puis, ils ont formé des agriculteurs à la construction de maisons voûtées avec des toits en terre. L’activité constitue aujourd’hui une source de revenus pour de nombreux agriculteurs pendant les saisons maigres. Manière très originale aussi de fournir aux populations du Sahel des solutions de logement écologiquement durable, seule alternative à l’utilisation de bois rare et de tôles chaudes et chères. A ce jour, plus de 200 maçons ont construit environ 1300 maisons à voûte nubienne en Afrique de l'Ouest grâce à cette technique apprise au sein de l’association l'association « La Voûte Nubienne » co-fondée par Séri et Thomas, devenus ainsi socio-entrepreneurs.

Révolution entrepreneuriale

Aucun pays Africain ne semble plus en marge de la révolution entrepreneuriale. Dans des secteurs très variés allant de l’accès aux soins de santé, à l’éducation, en passant par l’énergie, l’agriculture, le social network, le e-commerce, le m-payment ou encore le e-gouvernement… de nombreux entrepreneurs africains se démarquent par leurs offres innovantes et moins chères.

De G à D: Jacques Bonjawo et Emmanuel Mbuende de QuickDO-Book-Box
On se souvient encore de la toute dernière édition des AfricaCom Awards, le prix orange de l’entrepreneur social en Afrique. Rendus publics le 13 novembre 2013, les résultats de ce concours ont révélé l’engouement qui règne sur le continent : plus de 455 candidatures issus de 15 pays africains. Parmi les 12 finalistes, 3 lauréats ont été retenus. Le 1er prix est revenu à l’entreprise camerounaise QuickDo-BookBox qui propose une offre d'automates et liseuses numériques installées dans les universités, centres culturels, bibliothèques, librairies etc. Ceci, dans le but de facilité la lecture aux populations du Sud, au prix maximum de 1 euro par livre. A la date du concours, elle totalisait, en deux ans d’existence, 500 000 contenus numériques placés. 

Ivoire Job, lui, a remporté le 2è prix de ce concours, avec un projet qui vise à faciliter l’accès aux opportunités d’emploi en Côte d’Ivoire à travers une plateforme web, mobile et un système SMS. Ces supports sont autant d’espaces d’échange et de partage d’expérience entre demandeurs d’emploi, salariés en poste et cabinets de recrutement. 

Chifco, le 3è prix, est une entreprise tunisienne qui propose un service de contrôle et d’optimisation de la consommation d’énergie. Cette solution vise à contrôler à distance les équipements les plus énergivores dans des environnements domestiques ou professionnels.  Grâce à Chifco qui démarre sa commercialisation en Juillet 2014, entreprises et particuliers vont pouvoir réduire leur facture d'électricité.

Le jury a certainement eu de la peine à mettre les autres nominés de côtés, tant leurs offres sont tout aussi innovantes et porteuses de développement.




Plus loin avec…

Thierry Téné, Directeur de l'Institut Afrique RSE 


« Il faut (…) créer des masters et des chaires sur le social business… »

Thierry Téné
Expert africain de la croissance verte et de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), Thierry Téné a publié plus de 100 chroniques sur les opportunités du social-green business en Afrique. Depuis 2011, l'Institut Afrique RSE organise chaque année, en partenariat avec une organisation patronale africaine, le forum international des pionniers de la RSE et la croissance verte en Afrique. Il nous parle ici de l’entrepreneuriat social en Afrique.

A votre avis, l’Afrique regorge-t-elle suffisamment d’entreprises qui répondent à des besoins sociaux et environnementaux ?

Il est important de préciser qu’il y a une différence entre le social business et le Business du Bas de la Pyramide (Bottom of the Pyramid : BoP). Le premier est un investissement à finalité social et dont il y a très peu de redistribution de bénéfices car ils sont prioritairement réinjectés dans le projet pour réduire le prix de vente aux consommateurs ou à l’utilisateur final. Le BoP est une stratégie de business orientée vers les personnes qui gagnent en moyenne moins de 3 000 dollars par an.

En Afrique, nous avons très peu de projet de social business. Par ailleurs, on observe quelques projets de BoP portés notamment par les grands groupes.
Pour ce qui est de l’environnement, nous avons plusieurs éco-entreprises positionnées sur le créneau du green business.
  
Disposez-vous de statistiques fiables dans ce domaine sur le continent Africain? Quelle est la situation ailleurs dans le monde ?

On ne dispose pas assez de statistique sur le social business en Afrique. Au niveau mondial, nous n’avons pas de statistiques fiables.

Quels sont les freins à l’entrepreneuriat social en Afrique ?

La notion d’entrepreneuriat social n’est pas encore bien appréhendée par les africains. C’est le principal handicap à son implémentation sur le continent. Le deuxième frein est l’absence de politiques publiques pour inciter les entreprises et les porteurs de projet à intégrer le social business. Les autorités auraient tout intérêt à soutenir ce type de projet au vue de l’impact socio-économique. Le troisième frein est l’absence de ressources humaines et de compétences pour concevoir et mettre en œuvre des projets de social business.

Quels types de solutions préconisez-vous pour une véritable émergence d’entrepreneurs sociaux en Afrique ?

Il faut sensibiliser et former les entrepreneurs africains sur le social business. Pour combler le manque de statistique et de connaissance sur cette thématique, la publication d’études et analyses semble indispensable. L’un des points essentiels est la formation. Très peu d’universités ou d’écoles de management et de commerce proposent des cursus sur le social business. Il faut donc créer des masters et des chaires sur le social business avec le soutien des entreprises.

Réalisée par Marie-Noëlle Guichi