Si les petites et moyennes entreprises (PME) accusent les banques de ne prêter qu’aux riches, elles ne sont pas, à leur tour, exempts de critiques.
Les professionnels du secteur banque et finance,
réunis à Douala depuis hier, dans le cadre
du 1er forum international de la finance en Afrique subsaharienne
sont unanimes sur un fait : les chiffres sur la surliquidité bancaire en
zone CEMAC donnent du tournis. L’on parle de plus 7000 milliards de francs CFA que
gardent jalousement les banques commerciales d’Afrique centrale. Ce, pendant
que les PME trinquent, éprouvant d’énormes difficultés à trouver des
financements pour leurs projets d’investissement.
En zone UEMOA, la situation n’est guère reluisante. Le
taux de financement des PME y tourne autour de 5%. Là-bas, comme en zone CEMAC, les
banques surestiment le risque associé au financement d’une grande
partie des entreprises. Ce qui se traduit par l’insuffisance des prêts
vis-à-vis des dépôts. Et donc, par l’augmentation de leur liquidité au-delà du
seuil requis. Toute chose que ne sanctionnent pas les
banques centrales, plutôt occupées à contrôler les
réserves bancaires qui doivent être considérables en permanence.
Des panélistes de FIFAS 2013
Au Mali par exemple, sur
100 demandes de crédits par les PME, moins de 3 sont acquises. Mme Berthe
Minian Bengaly, ancien banquier et aujourd’hui Directrice générale du Centre
International pour le Conseil et la Formation au Mali, l’a souligné hier, 20
novembre 2013. C’était dans un panel sur le sous-emploi des liquidités
bancaires dans le secteur privé africain, modéré par Thierry EKOUTY, Directeur
de publication du journal « Le Quotidien de l’économie ».
Dans ce même panel, Nadine
Tinen, membre du conseil exécutif du Groupement inter-patronal du Cameroun
(GICAM) et directrice générale de PriceWaterhouse Cameroun, Tchad et Guinée
Equatoriale a relevé, pour tenter de comprendre cette frilosité des banques, le
risque élevé
d’insolvabilité des PME, ainsi que l’insuffisance du cadre juridique et
judiciaire en matière de recouvrement des créances et de règlement des
différends.
Un autre panéliste, Georges Patinvoh, maître de
conférences au Centre de formation professionnelle bancaire et Directeur du
contrôle et de la conformité à la Banque Atlantique du Bénin a évoqué la
mauvaise qualité de l’information financière produite par les PME, très
souvent méconnues des banques, du fait que la plupart de ces entreprises
évoluent dans le secteur informel. Et peuvent, à tout moment, fondre comme
neige dans la nature, au grand dam des banquiers désormais plus prudents qu’il
n’en faut.
Marie-Noëlle
Guichi
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